Chairs camarades

Romainville 1976.

Pour toutes celles, pour tous ceux qui n’ont pas peur du rouge,

Je suis très honoré d’être invité à montrer mon travail à la prochaine fête de l’Humanité, il est écrit « rétrospective » dans le programme…

fichtre !

Mes images seront mises en scène par les amis graphistes et scénographes Bruno et Guillaume (« Au fond à gauche »), pleins de talent

J’y montrerai des images qui parlent du monde, de mon monde, de toutes celles , de tous ceux qui ont accompagné ma vie, qui se sont prêtés au jeu de la photographie, volontairement ou involontairement, des petites gens, qui n’ont de petit que l’adjectif, comme vous et moi,

quelques vieilles images ressorties, parce qu’elles évoquent des souvenirs, comme des traces de sa vie, qui en laisse, on le sait bien, si peu.

Images de Belleville, le quartier où je vis, son mélange de populations, pour le meilleur, et sa gentrification rapide, pour le pire,

Le marché de Belleville. Paris. 1993.

images du monde du travail, de ses luttes, images du quotidien,

j’y montrerai également quelques images faites pendant 25 ans dans le village de Ndioum, au bord du fleuve Sénégal, village qui est devenu le mien, comme celui où j’ai grandi dans le centre de la France.

L’attente du retour des pêcheurs. Guet Ndar, le village de pêcheurs de Saint-Louis du Sénégal. 1994. Toujours une forte tension, à la tombée du jour, les femmes attendent, la pêche sera t’elle suffisante? Comment se passera le passage de la barre? Chaque année quelques pirogues chavirent et des pêcheurs se noient.

Le fleuve Sénégal vient se jeter dans l’Océan Atlantique, à Saint Louis, Sur cette plage me revient toujours l’histoire du roi africain qui, au début du 14 ème siècle, décide de traverser l’Atlantique.

Là, je recommence (la pédagogie c’est  beaucoup la répétition):

Aboubakr II , neveu de Soundiata, le fondateur de l’empire du Mali, était sûr qu’il y avait une autre terre de l’autre côté de l’océan. Il affrète 200 pirogues pour traverser l’océan en suivant le cours du « fleuve qui coule dans la mer ».
Un seul navire revint, dont le commandant raconta qu’un très fort courant avait enseveli le gros de la flotte,  mais que quelques navires avaient atteint une autre terre, un autre continent.
Le roi décide en 1312 (180 ans avant Colomb) de tenter lui-même l’aventure et, à la tête de 2000 pirogues, d’une des plages de l’Atlantique comme celle ci, prends la route de l’ouest. Aucune ne revint.

(d’après l’historien arabe Shihab al-Din al-Umari (1300-1349)

L’histoire ne finit jamais, son  petit fils, Kankou Moussa, lui succède, qui, en 1324, décide de faire le pèlerinage à la Mecque, avec sa suite, plusieurs milliers d’hommes, et 10 tonnes d’or. Il dépense tout au cours de son voyage, et, lors de son escale au Caire, fait chuter les cours de l’or dans le pays. Ibn Battuta en parle dans ses mémoires.
Bref, il fait le cacou, les rois et reines et président(e)s le font souvent.

Ces moments de l’histoire du monde ne m’ont jamais été appris, merci mes universités! Un président de la république regrettait même que les Africains tardent à rentrer dans l’histoire, le bracelet électronique à sa cheville ne l’empêche toujours pas d’écrire (et de publier ) des livres.

L’Afrique est pleine de rêves et de douleurs. Beaucoup de ses enfants  quittent ses guerres et sa pauvreté, et tentent de rejoindre nos sociétés dont une grande partie des richesses  provient de ses dépouilles.

Quel accueil ?

Quel regard sur  le monde ?

Une image de Michel Quarez, dont l’an dernier, on montrait le travail au même endroit où, dans la fête, je vais montrer mes images,

Fête de l’Humanité 2022.

Michel Quarez, merveilleux talent, généreux et acide,

il a pris ses cliques et ses claques voici deux ans,

Je voulais faire son portrait,

– « Quand tu veux ! »

je n’ai pas voulu assez vite….

Et, si ça vous chante,

n’oubliez pas de pousser la porte de l’atelier de Catherine, Catherine Rauscher, qui partage ma vie,

et qui ouvre son atelier à l’occasion des Portes ouvertes des Artistes de Ménilmontant
les jeudi 28 septembre, vendredi 29 septembre, samedi 30 septembre, dimanche 1er octobre de 14h à 20h

(jusqu’à 21h le jeudi)

C’est au 18 rue de Tourtille, à Paris 20 ème

Comments (7):

    • Nicolas DEVERS-DREYFUS

      Sep 11, 2023 at 19 h 32 min

      Bonsoir André,
      Je me réjouis de visiter ton exposition à la Fête!
      Toute la fidèle amitié d’un ex du village voisin de Charonne…

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  1. Chaunac Jean Claude

    Sep 12, 2023 at 18 h 32 min

    André ! Super de découvrir ton exposition à la Fête de L’Huma

    Répondre
  2. Philippe Rauscher

    Sep 13, 2023 at 11 h 22 min

    Bravo André. Bonne exposition! Bien à vous deux.

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  3. Jean-Yves Maximilien

    Sep 13, 2023 at 23 h 03 min

    Bonsoir André, j’y serais dimanche seulement mais j’irais voir ton expo. Bravo! Peut-être nous croiserons-nous?

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  4. Lamotte Philippe

    Sep 19, 2023 at 11 h 53 min

    J’ai beaucoup aimé l’exposition de vos photos, belle installation et présentation qui mettent en valeur les photos.
    J’ai eu plaisir de les présenter à mes ami-e-s qui ne vous connaissaient pas.
    Salutation solidaire.
    Philippe

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  5. Irene Quesnay

    Sep 21, 2023 at 18 h 32 min

    Toujours touchant, André ton expo m’incite à rêver que je pourrai quand même faire le voyage de Cahors à Paris pour cette fête^, mais j’ai déjà pris mes billets pour fin octobre!
    j’aime autant tes textes que tes photos.
    belle fête 2023

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