Petit frère

Little brother

Mon ami Abdoulaye Barry a rejoint les étoiles.

Il avait 44 ans.

Avec son rire d’enfant et et sa jambe raide

Il photographiait la nuit du monde,

dans les rues de Ndjamena sa ville, ou il traînait enfant.

Ses images des enfants de la rue rongés par la drogue furent primées en 2009 à la Biennale de la photographie de Bamako.

My friend Abdoulaye Barry has joined the stars. He was 44 years old. With his childish laugh and his stiff leg He photographed the night of the world, in the streets of Ndjamena his town, where he hung out as a child. His images of street children consumed by drugs won awards in 2009 at the Bamako Photography Biennale.

La nuit de Ndjamena toujours, et les douleurs de ses Coins chauds,

The night of Ndjamena still, and the pain of its Hot Corners,

En 2019, il remporte le Prix pour la Photographie du Musée du quai Branly avec son travail sur les pêcheurs du lac Tchad.-

In 2019, he won the Prix pour la Photographie du Musée du quai Branly for his work on the fishermen of Lake Chad.

Nous avons photographié ensemble l’expulsion des migrants vivant sous le métro aérien de la station Stalingrad

Together we photographed the eviction of migrants living under the overhead metro at Stalingrad station

Au gré de ses venues à Paris, il réalisait petit à petit son reportage sur les Migrants des temps modernes:

As he travelled around Paris, he gradually built up his report on modern-day migrants:

Il avait également un projet commencé : Les Parisiennes. il abordait et photographiait avec timidité et un joli sourire charmeur les jeunes femmes qu’il croisait lors des ses séjours à Paris.

Leurs beaux portraits doivent être dans un tout petit coin de son petit ordinateur à la pomme rayée par le sable que personne n’ouvrira plus.

Une crise de paludisme…l’empire Français était avare en vaccins contre la poliomyélite pour ses enfants du Tchad et ne me parlez pas de la rentabilité d’un vaccin contre le paludisme !!

He also had a project underway: Les Parisiennes. He approached and photographed with shyness and a charming smile the young women he met on his trips to Paris.

Their beautiful portraits must be in a tiny corner of his little sand-striped apple computer that no one will ever open again.

A malaria crisis…the French empire was stingy with polio vaccines for its children in Chad, and don’t even get me started on the cost-effectiveness of a malaria vaccine!

Grand frère,

lui aussi parti dans les nuages d’étoiles

Great brother, he also left in the cloud of starts

Babayel, le petit garçon qui rêvait d’être aviateur, devenu professeur de mathématiques, écrivant des romans, m’a appris l’Afrique et  son histoire. J’ai photographié son village, Ndioum, au bord du fleuve Sénégal, pendant 25 ans.

En 1981, le soir, nous regardions le ciel, allongés dans l’obscurité (l’électricité n’était pas encore arrivée au village), avec ses amis d’enfance, Baye le pêcheur et Mamadou le forgeron. En peul, (en pulaar) La lune se dit Léourou (Lewru) et les étoiles koode, (hodéré au singulier). Ce sont les deux seuls mots de peul dont je me souviens.

Babayel Dème a lui aussi rejoint les étoiles,

cela fait comme un grand trou dans la vie.

Babayel, the little boy who dreamed of being an aviator, went on to become a math teacher and novelist, and taught me about Africa and its history. I photographed his village, Ndioum, on the banks of the Senegal River, for 25 years.

In 1981, in the evening, we’d lie in the dark (electricity hadn’t yet reached the village) watching the sky with his childhood friends, Baye the fisherman and Mamadou the blacksmith. In Peul, (in Pulaar) the moon is called Léourou (Lewru) and the stars koode, (hodéré in the singular). These are the only two Pulaar words I remember.

Babayel Dème has also joined the stars,

it’s like a big hole in life.



															

Comments (14):

  1. Caujolle

    Juin 18, 2024 at 13 h 48 min

    Trop triste. RIP.

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  2. Fouzia

    Juin 18, 2024 at 17 h 41 min

    Merci André, merci de me avoir fait découvrir ces touchantes photographies d’Abdoulaye !

    C’est révoltant de ne pas donner accés à des remèdes qui existent pourtant !!
    Amitiés,
    Fouzia

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  3. Isabelle

    Juin 18, 2024 at 21 h 54 min

    Tristesse pour la perte de ces frères petit et grand. Je regarderai la lune différemment, en tout cas avec un autre nom. Je t’embrasse fort.

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  4. Olivier

    Juin 18, 2024 at 22 h 41 min

    Merci André,
    Je me souviens de la gentillesse avec laquelle il m’a accueillit à Ndjamena …

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  5. Philippe Rauscher

    Juin 19, 2024 at 8 h 34 min

    Triste et très émouvant. Merci André.

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  6. Händel-Privat Claire

    Juin 19, 2024 at 9 h 18 min

    Je découvre cet homme et ses étonnantes images, triste avec toi, sentiment mêlé de colère à cause d’un manque de vaccin, c’est insupportable. Merci cher André.

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  7. Helene

    Juin 19, 2024 at 9 h 57 min

    Voir le monde avec tendresse… Merci pour ces regards, qui continuent de faire du bien en même temps qu’ils éclairent !

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  8. gilles magnin

    Juin 19, 2024 at 13 h 07 min

    Triste nouvelle en effet, porteur de lumière pour ceux qui jour après jour la perde.

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  9. Marc Mentré

    Juin 19, 2024 at 15 h 03 min

    Merci André de nous dire à quel point tous deux étaient de belles personnes

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  10. Langenegger Uli et Catherine

    Juin 19, 2024 at 18 h 01 min

    Merci pour ce bel hommage, qu’il soit en paix…

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  11. c gin

    Juin 19, 2024 at 18 h 53 min

    Tres triste

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  12. Octavio Espirito Santo

    Juin 20, 2024 at 13 h 07 min

    André mon ami,même sur les moments tristes et de perte tu est capable de t’exprimer de nous donner envie de continuer a vivre en defendant des valeurs de tendresse ,amitie,solidariete…..Merci malgre la perte de ce grand frere aimant des freres et soeurs de ce monde qu’on aime,merci!

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  13. Éric M

    Juin 20, 2024 at 17 h 12 min

    Merci André pour tes très sensibles hommages dédiés à ces 2 également très sensibles compagnons. Amitié !

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  14. Patrick LEJARRE

    Juin 20, 2024 at 21 h 32 min

    André,
    Tellement triste et si émouvant. Je pleure.
    Deux très belles personnes et deux vies qui ont valu la peine d’être vécues.
    Merci, merci, merci.

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